Le 1er novembre 2024 restera à jamais gravé dans les mémoires, marquant le soixante-dixième anniversaire du début de la guerre d’indépendance algérienne. Ce jour-là, le président français Emmanuel Macron a fait un geste historique en reconnaissant officiellement la responsabilité de la France dans l’assassinat de Larbi Ben M’hidi en mars 1957.
Cette déclaration intervient dans un contexte où la mémoire de la colonisation et de la guerre d’Algérie demeure un sujet délicat entre les deux nations. Macron a souligné que cette démarche vise à regarder l’histoire de la colonisation et de la guerre d’Algérie dans sa vérité, dans le but de parvenir à une mémoire apaisée et partagée.
Larbi Ben M’hidi, dirigeant du Front de libération nationale (FLN) et figure emblématique de la révolution algérienne, a été arrêté en février 1957 au plus fort de la bataille d’Alger. Les autorités françaises ont alors prétendu qu’il s’était suicidé en détention, une version restée officielle pendant des décennies. Ce n’est qu’en 2001 que le général Paul Aussaresses a avoué avoir ordonné son exécution. Pourtant, aucune reconnaissance officielle de l’État français n’avait été faite jusqu’ici.
La démarche de Macron s’inscrit dans la lignée de son engagement depuis 2017 à travailler sur la vérité et la reconnaissance de l’histoire. L’historien Benjamin Stora, auteur d’un rapport sur la mémoire franco-algérienne, a salué cette initiative en soulignant qu’elle permet de reconnaître la légitimité politique du combat des nationalistes algériens.
Larbi Ben M’hidi, né en 1923 près d’Ain M’lila, est une figure incontournable de la lutte pour l’indépendance de l’Algérie. Engagé dès son jeune âge, il a milité au sein du Parti du peuple algérien (PPA) et du Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (MTLD). En 1954, il a été l’un des six fondateurs du Front de libération nationale (FLN), marquant le début de la révolution contre la colonisation française.
Reconnu pour son courage et sa stratégie politique, Ben M’hidi a été un acteur majeur de la bataille d’Alger en 1957, où il a dirigé la résistance avant d’être arrêté, torturé et exécuté sur ordre du général Paul Aussaresses. Considéré comme un héros national, il incarne le sacrifice et la détermination d’un peuple entier pour sa liberté et demeure une source d’inspiration pour l’Algérie indépendante.
En réaffirmant sa volonté de réconcilier les mémoires franco-algériennes, Emmanuel Macron a également appelé à une réponse de la part de l’Algérie pour ouvrir la voie à une réconciliation durable. Selon l’Élysée, il s’agit de trouver un équilibre historique permettant aux deux pays de construire ensemble une mémoire apaisée.
Le président a souligné l’importance de ce travail pour les générations futures, affirmant que c’est en pensant à elles qu’il s’engage à chercher les voies de la réconciliation des mémoires entre les deux pays. Une étape historique vient d’être franchie dans la relation entre la France et l’Algérie, ouvrant la voie à une nouvelle page de leur histoire commune.