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L’Algérie et le soutien aux mouvements séparatistes : un nouveau chapitre de tensions régionales
L’Algérie, nation au passé colonial tumultueux, réaffirme avec insistance l’intangibilité de ses frontières héritées du colonialisme. Cependant, en parallèle de son soutien traditionnel au Polisario, mouvement séparatiste qui revendique l’autodétermination du Sahara occidental, le pays a pris une nouvelle tournure en soutenant le Parti national rigain (PNR). Ce dernier, constitué d’un groupuscule originaire de la région du Rif au nord du Maroc, a fait entendre sa voix pour la première fois en septembre 2023 en annonçant sa volonté de se séparer du Maroc.
Pour cristalliser ce soutien, le gouvernement du président Abdelmadjid Tebboune a facilité la création d’une branche du PNR en Algérie, offrant ainsi une plateforme pour les activités de ce mouvement séparatiste. Dans un contexte chargé de symbolisme, la Radio publique algérienne a rapporté que la première réunion du PNR en dehors de l’Europe se tiendrait à Alger sous le thème provocateur “République du Rif et le droit de restaurer l’indépendance”. Cette réunion a attiré des dignitaires, dont Yuba El Ghadioui, le leader du PNR, qui a exprimé sa gratitude envers l’Algérie, qualifiant le pays de bastion pour les révolutionnaires et de soutien indéfectible aux luttes pour l’autodétermination.
Ce rassemblement n’est pas anodin. Il reflète un engagement diplomatique de l’Algérie à mobiliser ses alliés historiquement favorables au Polisario, tels que le Mozambique et l’Afrique du Sud, pour assister à cette réunion. Pour mémoire, une délégation du PNR avait déjà fait le déplacement à Pretoria en novembre 2023 pour dialoguer avec des membres haut placés de l’African National Congress, soulignant l’interconnexion croissante entre ces mouvements séparatistes.
La présence notable de figures politiques algériennes et de membres du Front Polisario lors de l’événement témoigne de la volonté d’Alger de créer une synergie entre ces deux mouvements qui partagent des objectifs communs. Le PNR a d’ailleurs exprimé dès ses débuts son intention de collaborer avec le Polisario en lançant un appel en mars 2024 pour coordonner leurs efforts face à ce qu’ils qualifient d’« occupation marocaine ».
El Ghadioui n’a pas hésité à reprendre la rhétorique libertaire du Polisario en affirmant que la République du Rif n’a jamais été intégrée au Maroc. Selon lui, le royaume chérifien n’a que mépris pour ceux qui se battent pour leur terre. Dans un élan d’audace, il a suggéré de reconsidérer la situation historique du Sahara occidental, arguant qu’il ne s’agissait pas seulement d’une colonie, mais plutôt de l’une des deux dernières colonies en Afrique. Pour El Ghadioui, le Sahara occidental et le Rif représentent des plaies béantes pour le continent africain, ne pouvant guérir qu’à travers l’accès à l’indépendance.
Malgré le faible écho de leur appel au sein des populations rifaines, le PNR revendique fermement la légitimité de ses aspirations. Le nouveau parti, enregistré à Bruxelles et rapidement établie à Alger, se présente comme le dépositaire des espoirs d’un peuple qu’il estime oublié par les instances politiques marocaines. En dépit d’être jeune et balbutiant, ce mouvement nourrit des ambitions d’un large soutien populaire pour légitimer ses revendications.
Cette stratégie de soutien à de nouveaux mouvements sécessionnistes intervient à un moment charnière, alors que plusieurs pays commencent à se détourner de la reconnaissance de la « République arabe sahraouie démocratique (RASD) », tandis que d’autres renforcent leur soutien à la position marocaine en faveur d’une autonomie pour le Sahara. La dynamique régionale est, de facto, en pleine mutation, posant de nouveaux défis pour l’Algérie qui, bien qu’historique défenseur des mouvements d’autodétermination, se trouve aujourd’hui à naviguer dans des eaux encore plus troublées.
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