L’Algérie- France : Un Dossier Nucléaire qui Refait Surface
Le 8 janvier 2025, 59 ans après l’indépendance de l’Algérie, le régime algérien a relancé le débat sur les essais nucléaires français dans le Sahara algérien entre 1960 et 1966. Cette affaire, qui avait été mise à jour en 2013 avec la déclassification de documents, a pris une nouvelle dimension avec la récente demande officielle de l’Organisation des Nations unies (ONU) à la France pour clarifier les circonstances de ces essais controversés.
Les 17 essais nucléaires français dans le Sahara algérien, menés entre 1960 et 1966, sont un épisode sombre de l’histoire coloniale française en Algérie. Les tests, qui ont été réalisés sur les sites de Reggane et d’In Ekker, ont laissé des retombées radioactives s’étendant de l’Afrique de l’Ouest au sud de l’Europe. Selon des documents déclassifiés, ces opérations ont été menées en accord avec les autorités algériennes de l’époque, qui considéraient les zones concernées comme inhabitables et exemptes de populations.
Cependant, l’Algérie refuse de reconnaître sa propre responsabilité dans ce dossier. Le président Abdelmadjid Tebboune a lancé un appel à la France en octobre 2024, exigeant que Paris nettoie les sites des essais nucléaires. Mais les documents internationaux révèlent que les gouvernements algériens post-indépendance ont considéré les zones concernées comme inhabitables et exemptes de populations, justifiant ainsi la poursuite des opérations nucléaires.
Les révélations s’appuient sur une série de correspondances et d’accords bilatéraux datant de cette période, ce qui accrédite la thèse d’une coresponsabilité entre les deux pays. Cependant, l’Algérie n’a pas répondu à la demande d’informations formulée par l’ONU, un silence qui alimente encore les spéculations autour de cette affaire.
Les conséquences de ces essais nucléaires sont encore très graves aujourd’hui. Les rapports indépendants ont montré que ces expérimentations ont eu des conséquences environnementales et sanitaires graves non seulement pour la région mais aussi pour les pays voisins. L’Algérie réclame que le règlement du dossier mémoriel passe également par la prise en charge des conséquences des explosions nucléaires et la remise des cartes d’enfouissement des déchets de ces explosions.
La France doit assumer ses responsabilités historiques, surtout après que 122 États de l’Assemblée générale de l’ONU ont ratifié, le 7 juillet 2017, un nouveau traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN), qui vient s’ajouter aux traités antérieurs. Il est temps pour les deux pays de travailler ensemble pour résoudre ce dossier et de reconnaître la coresponsabilité dans ce dossier nucléaire.