La Palestine dans les fumées de la guerre civile
La Cisjordanie, région palestinienne sous autorité de l’Autorité palestinienne (AP), ressent particulièrement les effets de la crise politique et sécuritaire qui secoue le pays. Depuis le 5 décembre, les forces de sécurité de l’AP conduisent une vaste opération militaire baptisée "protéger la patrie" pour réaffirmer leur contrôle dans plusieurs villes, notamment dans le camp de réfugiés de Jénine, que les factions armées palestiniennes dirigent de facto.
Dans ce contexte tendu, l’AP craint un scénario similaire à la chute du régime syrien, tombé sous les coups de la Hayat Tahrir al-Cham (HTC). Pour éviter cela, les forces de sécurité palestiniennes ont entrepris une série d’opérations militaires, qui ont fait déjà 14 morts, dont six membres des forces de sécurité, selon l’Agence France-Presse (AFP). C’est le niveau de violence le plus élevé depuis la bataille de Gaza en 2007, où le Hamas chassait le Fatah et l’AP de l’enclave pour en prendre le contrôle.
L’AP a lancé cette opération pour réaffirmer son contrôle sur le pays, où les factions armées palestiniennes, comme les Brigades de Jénine, peinent à accepter l’autorité de l’AP. Lasqueeze situation a commencé avec un raid des forces de sécurité de l’AP le 5 décembre pour arrêter au moins un membre des brigades de Jénine, qui combat régulièrement l’armée israélienne et a même attaqué le siège de l’AP en juillet dernier.
Les combats ont éclaté en plusieurs localités, notamment en Cisjordanie, où l’AP a lancé plusieurs raids, y compris à Naplouse, Tulkarem, Tammoun et Tubas. Cependant, l’AP a mené une pression particulière sur Jénine, qui est de facto dirigé par plusieurs factions armées palestiniennes. Plusieurs manifestations ont été organisées en soutien aux factions rebelles, selon Al-Jazeera.
Mais l’AP est également visée par les critiques pour sa gestion de la crise. Elle est accusée de ne pas avoir organisé d’élections législatives depuis 2006, date à laquelle le Hamas remportait les élections législatives, et de maintenir un pouvoir personnel de Mahmoud Abbas, dont le mandat est expiré depuis 2009. L’AP est également accusée de corruption et de collusion avec Israël, selon plusieurs ONG et organisations de défense des droits de l’homme.
Dans ce contexte, l’opération "protéger la patrie" a suscité des inquiétudes au sein de la communauté internationale, notamment parmi les États-Unis, qui a versé des subventions à l’AP. Cependant, l’Autorité palestinienne a menacé de licencier les chefs qui refuseraient de combattre, selon Axios. Dans l’intérieur du camp de Jénine, l’UNRWA, agence de l’ONU chargée des réfugiés palestiniens, a annoncé suspendre ses services pendant l’opération militaire.