Le marché noir des devises en Algérie : une hausse de l’euro qui reflète les incertitudes économiques
Le mercredi 12 février, le marché noir des devises a connu une légère mais significative hausse de l’euro par rapport au dinar algérien. Les taux d’échange ont atteint respectivement 25 300 DA pour 100 euros à l’achat et 25 000 DA pour la même quantité à la vente. Cette évolution est particulièrement notable lorsque l’on compare ces chiffres aux taux de la veille, qui s’établissaient à 25 200 DA pour la vente et 24 950 DA pour l’achat.
Cette fluctuation des taux de change sur le marché noir met en lumière une situation économique complexe et multiforme. Parmi les facteurs clés influençant cette tendance, l’augmentation de la demande pour l’euro et d’autres devises étrangères occupe une place prépondérante. Cette demande accrue coïncide avec la période de préparation pour les déplacements vers les Lieux Saints de la Mecque, notamment pour accomplir le pèlerinage de l’Omra, une tradition religieuse profondément ancrée et hautement attendue par de nombreux fidèles à cette époque de l’année.
La nécessité pour ces pèlerins de disposer d’euros pour couvrir leurs dépenses à l’étranger a contribué à créer une pression supplémentaire sur le marché des devises, favorisant ainsi la hausse du cours de l’euro. Cette situation est en partie liée au fait que les voyageurs sont contraints de recourir au marché noir en raison des limites imposées par les autorités sur les allocations de devises pour les voyages à l’étranger. Cette restriction, bien que visant à réguler les flux de capitaux et à préserver les réserves de changes du pays, se traduit par une pénurie de devises sur le marché officiel, créant ainsi un climat propice aux spéculations et aux hausses des taux de change sur le marché parallèle.
Un autre facteur qui contribue à l’incertitude actuelle est la mise en œuvre partielle et l’application opaque de la nouvelle allocation touristique de 750 euros, annoncée par le président de la République en octobre dernier. Ce dispositif, censé encourager et faciliter les voyages à l’étranger pour les citoyens, reste malgré tout entouré de nombreuses incertitudes. Les conditions d’éligibilité, les procédures de demande, ainsi que les délais pour bénéficier de cette allocation demeurent peu clairs, instaurant un climat d’appréhension parmi les potentiels bénéficiaires.
Cette situation a pour effet d’accroître l’intérêt pour l’euro, ainsi que pour d’autres devises, sur le marché noir, alimentant ainsi un cercle vicieux où la demande croissante détermine les taux de change. Les conséquences de cette dynamique sont doubles. D’une part, les voyageurs et les commerçants qui ont besoin de devises étrangères pour leurs activités sont confrontés à des coûts accrus et à une incertitude quant à la disponibilité future de ces devises. D’autre part, cette pression sur le marché des devises peut avoir des répercussions plus larges sur l’économie nationale, notamment en termes d’inflation et de compétitivité des entreprises exportatrices.
La priorité accordée à la transparence et à la prévisibilité dans la gestion économique est cruciale pour résoudre les problèmes sous-jacents qui contribuent à l’instabilité du marché des devises. L’établissement de politiques monétaires claires et stables, combiné à des mesures visant à améliorer la disponibilité des devises sur le marché officiel, pourrait contribuer à réduire la pression sur le marché noir et à stabiliser les taux de change. De plus, une application effective et équitable de l’allocation touristique promise pourrait alléger les contraintes rencontrées par les citoyens qui souhaitent voyager à l’étranger, réduisant ainsi la demande spéculative pour les devises étrangères.
En fin de compte, l’évolution du marché noir des devises en Algérie reflète les défis économiques complexes auxquels le pays est confronté. La recherche d’une stabilité financière et d’une économie plus ouverte, capable de répondre aux besoins de la population tout en préservant les intérêts nationaux, constitue un enjeu majeur. La capacité des autorités à mettre en place des politiques efficaces pour gérer ces défis sera déterminante pour l’avenir économique du pays et pour offrir aux citoyens des conditions de vie et de développement meilleures.