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Des milliers de skieurs convergent en Tarentaise pour dévaler les premières pentes ce week-end. Rues décorées, DJ set, tests de matériel, épreuves sportives… Les stations soignent cet événement qui donne le ton de la saison.
Des crêpes, du vin chaud ou une raclette ? En montagne l’hiver, l’indice de satisfaction est souvent indexé sur les calories, et en ce samedi de « Grande première », à Val Thorens, et d’ «Opening », à Tignes, les deux stations savoyardes inaugurent dans un esprit festif la saison de ski qu’elles boucleront début mai, en pariant sur l’événementiel et de multiples animations. Sans oublier des prix considérés très abordables à ces altitudes supérieures à 2000 mètres.
« Nous ouvrons environ un tiers du domaine skiable dans de bonnes conditions et sous le soleil », introduit Vincent Lalanne, directeur de l’office de tourisme de Val Thorens, affectée la semaine dernière par un accident de téléphérique qui a fait huit blessés dont deux graves, mais sans conséquences sur l’ouverture. La plus haute station des 3-Vallées, qui s’étage à partir de 2300 mètres, réunit les socioprofessionnels depuis des mois pour garantir aux milliers de vacanciers d’un week-end ou trois jours de trouver ouverts hôtels et spas, restaurants, bars et commerces ou loueurs de matériel. Les 40 à 80 cm de neige fraîche sont tombés à point nommé il y a quelques jours pour garantir le ski et offrir aux vacanciers le décor attendu de sommets meringués.
Le spot savoyard a écoulé plus de 8000 packages conçus spécialement pour l’ouverture et commercialisés dès la mi-septembre. « Nous voulons proposer des prix attractifs, appuie Vincent Lalanne, on trouve des séjours à partir de 178 € par personne pour deux nuits incluant l’hébergement, le forfait de ski et le test gratuit de matériel ». Des tarifs particulièrement compétitifs comparés aux prix des forfaits en haute saison, par exemple, qui enflent de plus de 4% en moyenne dans les domaines français cette année.
« L’ouverture de la station, c’est aussi une question d’image, c’est important pour la confiance, pour lancer la dynamique de la saison, montrer que c’est chez nous que ça se passe et communiquer sur nos nouveautés », étaye le responsable, qui parie aussi sur le programme de fidélité du « Club Val Tho » qui fédère 48 000 membres en leur proposant des avantages. Ou sur ses puissants réseaux sociaux, capables de mobiliser une partie des centaines de milliers de followers pour répéter le succès au concours de meilleure station du monde. Ce samedi, le spot de la vallée des Belleville a accueilli plus de 10 000 skieurs et proposé près de 2500 tests de matériel. Les chiffres devraient être comparables ce dimanche.
Le «village test» à Val Thorens, ce samedi. Une cinquantaine de marques de matériel proposent des tests gratuits, animations… Florent Maillet / Le Lesoir
« L’enjeu c’est surtout de lancer la saison, de roder les équipes, de mettre en place l’événementiel », relaie Frédéric Porte, directeur général de Tignes Développement, qui gère l’activité de la station voisine de Tarentaise. Depuis trois ans, dérèglement climatique oblige, Tignes n’ouvre plus les pentes de son glacier à la Toussaint. Désormais, l’ouverture est programmée en novembre et là aussi, les prix sont particulièrement accessibles, à 30 € le forfait journée pour une quinzaine de pistes et remontées ouvertes à partir du tour du lac (2100 m). Ambiance festive, soirées et DJ égayent le week-end, et une improbable et amusante course de trail sur neige baptisée «Yeti Race» anime le dimanche. Plusieurs milliers de personnes sont attendues chaque jour.
Quel est le profil de ces premiers vacanciers à la neige ? À Val Thorens, 80% des clients sont Français, seulement 20% étrangers, un taux habituellement inverse. Au lieu des Anglais, ce sont les Rhônalpins que l’on rencontre en zigzaguant sur les pentes ou en déambulant dans les rues chamarrées de la station. « Je skie habituellement à La Clusaz, je suis venu pour tester gratuitement le matériel de la marque de snowboard que j’affectionne », confie Aurélien, 37 ans, un Haut-Savoyard, croisé dans le village de marque implanté non loin du front de neige. Les aficionados du ski sont largement majoritaires, mais ces ouvertures festives élargissent un peu le cercle.
« J’ai un cours pour 3 débutants ce samedi après-midi », observe Nicolas Sogne, un moniteur de l’ESF de la station. Pour Wiam (25 ans) et César (22 ans), en tenue de ville, pas de ski ce week-end. César veut faire découvrir l’ambiance de la montagne enneigée à sa compagne, qui a grandi au Mans et n’a jamais enfilé de spatules. « Il y a une super ambiance , très familiale, ça donne envie », s’enthousiasme la jeune femme, convaincue par son conjoint de venir en vacances à «ValTho» cet hiver.
Si les prévisions de réservation sont à ce jour plutôt positives pour les domaines en France (+5% de réservations en décembre, un mois de janvier historique attendu selon l’association des maires de montagne) dans les domaines d’altitude notamment, le succès ne se mesurera pas seulement au nombre de pistes ouvertes. «L’événementiel est devenu très important pour drainer du monde, à l’image de ces journées d’ouverture», analyse Julie Heraud, spécialiste du sujet au cabinet FTC Consulting. «Toutes les stations en sont conscientes, et pas seulement les domaines de moyenne altitude qui peuvent plus que les grandes stations compter aussi sur un patrimoine riche et une dimension village».
Selon elle la baisse du nombre de skieurs doit être compensée par des rendez-vous et activités qui font venir d’autres populations, y compris en hiver. Accueillir de grandes compétitions sportives sur neige est nécessaire, cela garantit l’image de marque des stations et le ski finance le développement de la montagne. Mais Sur une famille de 4 personnes, si 2 skient, il faut occuper les autres.
Les grandes stations accélèrent cette mue pour mettre en valeur lors de l’ouverture d’hiver et, désormais, tout au long de l’année, leur patrimoine religieux, des musées, des concerts ou de multiples activités dans les immenses Palais Sportifs. Mais le virage est long à négocier, rappelle François Badjily, directeur de l’office de Tourisme de l’Alpe d’Huez, qui ouvre ses pistes le week-end prochain. «Au-delà du sport, nous avons su positionner l’Alpe d’Huez sur un axe de culture et d’humour qui offre autre chose aux clients», contextualise le responsable, qui passe le flambeau cet hiver à Sébastien Mérignargues, venu d’Avoriaz. «Les gens skient moins longtemps, même les skieurs chevronnés, c’est cet autre chose qui fera aussi la différence.»
Outre la vaste patinoire, un palais des sports qui propose 17 activités, ou un musée d’histoire et d’archéologie, la station iséroise s’est imposée dans le paysage du cinéma, avec le festival du film d’humour qui draine les stars et têtes d’affiche et fêtera sa 28e édition en janvier prochain. Le festival de musique électronique Tomorrowland, lui, animera à nouveau une période creuse pour le ski du 15 au 22 mars 2025.
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