Facebook au cœur d’un scandale : une ex-directrice des affaires publiques accuse l’entreprise de vouloir sacrifier la liberté d’expression en Chine
Une nouvelle polémique éclate autour de Facebook, toujours dans le viseur des critiques pour ses pratiques opaques et ses choix éthiques douteux. Cette fois, c’est une ex-directrice des affaires publiques de l’entreprise, Sarah Wynn-Williams, qui lance un pavé dans la mare en accusant Facebook d’avoir envisagé de sacrifier la liberté d’expression en Chine pour commercer avec le géant asiatique. Les révélations de cette Néo-Zélandaise, qui a travaillé sept ans pour Facebook avant d’être licenciée en 2017, font partie d’un livre intitulé "Careless People : A Cautionary Tale of Power, Greed, and Lost Idealism" (Des gens sans soin : une histoire de pouvoir, de cupidité et d’idéalisme perdu), sorti récemment aux États-Unis.
Selon Sarah Wynn-Williams, Facebook a formé une équipe en 2014 pour développer une version de la plateforme conforme aux lois chinoises, sous le nom de code "Projet Aldrin", en référence au deuxième homme à avoir marché sur la Lune. L’entreprise prévoyait même de nommer un "rédacteur en chef" autorisé à censurer le contenu de la plateforme, voire à la fermer en cas de périodes d’"agitation sociale". De plus, l’entreprise aurait envisagé de permettre à une société de capital-investissement chinoise, Hony Capital, d’examiner les contenus publiés par les utilisateurs dans le pays, mais aussi d’embaucher des centaines de modérateurs pour éliminer les contenus négatifs.
Ces accusations sont particulièrement graves, car elles suggèrent que Facebook était prêt à compromettre ses valeurs et ses principes pour pénétrer le marché chinois, l’un des plus vastes et des plus lucratifs du monde. La Chine est connue pour ses lois strictes en matière de liberté d’expression et de censure, et il est difficile de comprendre comment Facebook pouvait penser que son projet était compatible avec ses propres valeurs.
Meta, la société mère de Facebook, a réagi en qualifiant les accusations de "fausses" et en rappelant que Mark Zuckerberg, le patron de l’entreprise, avait déjà déclaré en 2019 que Facebook n’avait jamais pu accepter les conditions requises pour opérer en Chine. Cependant, les révélations de Sarah Wynn-Williams remettent en question cette version des faits et suggèrent que Facebook était prêt à aller beaucoup plus loin pour commercer avec la Chine.
Mais les accusations de Sarah Wynn-Williams ne s’arrêtent pas là. Elle dénonce également une ambiance "malsaine et misogyne" au sein de l’entreprise, où les dirigeants, notamment Mark Zuckerberg et Sheryl Sandberg, sont décrits comme "insouciants, irresponsables et égoïstes, motivés uniquement par le gain". Elle déplore que l’entreprise n’ait pas fait suffisamment pour protéger les jeunes sur les réseaux sociaux et qu’elle n’ait pas investi suffisamment dans la sécurité en ligne.
Enfin, Sarah Wynn-Williams accuse Joel Kaplan, un dirigeant de Meta, de harcèlement sexuel. Kaplan a été blanchi en 2017 après une enquête interne, mais ces accusations nouvelles remettent en question la crédibilité de l’entreprise et de ses dirigeants.
Les révélations de Sarah Wynn-Williams sont un nouveau coup pour Facebook, déjà sous le feu des critiques pour ses pratiques opaques et ses choix éthiques douteux. Elles montrent que l’entreprise a une longue route à parcourir pour reconquérir la confiance des utilisateurs et des régulateurs. Mais elles montrent également que les lanceuses d’alerte comme Sarah Wynn-Williams sont essentielles pour dénoncer les abus de pouvoir et les pratiques contraires à l’éthique dans les grandes entreprises. Il est à espérer que ces révélations feront l’objet d’une enquête approfondie et que les responsables seront sanctionnés si les faits sont avérés.