Le Nutri-Score : un outil de santé publique enfin mis à jour
Après des mois de débats houleux, le gouvernement a enfin signé le décret interministériel mettant en vigueur le nouveau mode de calcul du Nutri-Score, l’étiquetage nutritionnel des produits alimentaires. Ce système, créé par le Pr Serge Hercberg, épidémiologiste spécialiste de la nutrition, vise à aider les consommateurs à faire des choix éclairés en matière d’alimentation. Le nouveau calcul prend en compte davantage le sucre, notamment, et devrait permettre aux consommateurs de mieux comprendre les bienfaits et les risques associés à chaque produit.
Un long bras de fer
La signature du décret a pris plus d’un an, malgré les annonces répétées du ministère de la Santé. La ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, avait estimé que le nouvel algorithme "non seulement ne corrige pas les effets de bords sur des produits remarquables comme le Comté, le Roquefort, ou les magnifiques salaisons françaises, mais au contraire, il les aggrave en classant par exemple le lait comme une boisson". Le Pr Serge Hercberg avait vivement réagi à ces déclarations, estimant que la ministre s’était affichée "de façon totalement décomplexée en porte-parole des lobbies" et utilisant des arguments "fallacieux" pour critiquer le Nutri-Score.
Un système plus performant
Le Pr Serge Hercberg se réjouit de la signature du décret, estimant que le nouveau mode de calcul est "davantage utile pour les aider à faire des choix éclairés, en permettant d’améliorer leur santé". Il souligne que le Nutri-Score ne "pénalise" pas les produits gras et salés, tels que les fromages et les charcuteries, mais rappelle simplement que ceux-ci doivent être consommés en quantité raisonnable, dans le cadre d’une alimentation équilibrée. Le nouveau calcul prend en compte la teneur en calcium des fromages, ce qui devrait améliorer leur classification.
Des "effets de bord" à prendre en compte
Le communiqué gouvernemental fait allusion aux "effets de bord" évoqués par la ministre de l’Agriculture, notamment en ce qui concerne les produits issus de la richesse de nos terroirs. Le Pr Serge Hercberg estime que ces produits ne seront pas davantage pénalisés par le nouveau Nutri-Score et que leur classification sera plus juste. Il rappelle que l’appellation d’origine protégée (AOP) ne doit pas masquer la réalité nutritionnelle d’un produit et que les consommateurs doivent être informés des recommandations de santé publique.
Un délai de deux ans pour les entreprises
Les entreprises concernées ont deux ans pour mettre à jour leurs emballages et intégrer le nouveau Nutri-Score. Le Pr Serge Hercberg espère que les industriels ne profiteront pas de ce délai pour maintenir les anciens Nutri-Score qui les arrangent et tromper les consommateurs. Il estime que les autorités seront vigilantes pour pointer ceux qui essaieraient de profiter de ce délai.
Le degré de transformation des aliments
Le Pr Serge Hercberg a été interrogé sur la prise en compte du degré de transformation des aliments dans le calcul du Nutri-Score. Il estime que cela est impossible, car le degré de transformation et la qualité nutritionnelle sont deux dimensions qui se chevauchent et n’agissent pas de la même façon dans la santé. Cependant, il est possible de signaler l’ultratransformation dans un autre logo ou de coupler graphiquement les deux logos. Des tests ont été menés sur un liseré noir autour du Nutri-Score, mais cela n’est pas encore à l’ordre du jour du nouvel algorithme.
Conclusion
Le Nutri-Score est un outil de santé publique qui vise à aider les consommateurs à faire des choix éclairés en matière d’alimentation. Le nouveau mode de calcul, mis en vigueur après des mois de débats, prend en compte davantage le sucre et devrait permettre aux consommateurs de mieux comprendre les bienfaits et les risques associés à chaque produit. Les entreprises concernées ont deux ans pour mettre à jour leurs emballages et intégrer le nouveau Nutri-Score. Il est essentiel que les autorités soient vigilantes pour pointer ceux qui essaieraient de profiter de ce délai et tromper les consommateurs. Le Nutri-Score est un outil précieux pour la santé publique et il est important de le protéger et de le faire évoluer pour qu’il reste efficace.