La détérioration récente des relations diplomatiques entre la France et l’Algérie, exacerbée par le soutien affiché de Paris envers le Maroc concernant la question du Sahara occidental, suscite des craintes croissantes au sein du monde des affaires. Les investisseurs et les entrepreneurs endurent l’impact de cette situation tendue, qui menace l’équilibre précaire d’un partenariat historique.
Michel Bisac, président de la Chambre de commerce et d’industrie algéro-française (CCIAF), a exprimé ses préoccupations lors d’une récente rencontre avec des acteurs économiques. Cet appel à la prudence s’adresse particulièrement aux responsables politiques français, qu’il exhorte à mesurer leurs discours sur l’Algérie. Selon diverses sources médiatiques, Bisac met en lumière les dangers liés à ce qu’il qualifie de “déclarations intempestives”, qui pourraient compromettre une coopération stratégique dans un marché de 45 millions de consommateurs.
“Il est essentiel que nos responsables à Paris abordent l’Algérie avec délicatesse,” a-t-il déclaré, insistant sur le fait que les discours médiatiques sur les expulsions et les ordres de quitter le territoire français (OQTF) négligent le fait que 99 % des Algériens vivant en France sont bien intégrés et contribuent activement à l’économie. Cette observation vise à atténuer les tensions générées par une communication souvent négative et à rappeler les liens solides qui unissent les deux nations à travers des histoires partagées.
En dépit des dénégations émises par le gouvernement algérien sur les rumeurs entourant une éventuelle suspension des échanges commerciaux avec la France, liées à la reconnaissance par Emmanuel Macron de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental, les inquiétudes persistent dans le secteur privé des deux pays. Ceux-ci réclament une désescalade des tensions pour préserver une relation cruciale pour leurs intérêts économiques respectifs.
Les enjeux sont effectivement considérables. En 2023, les échanges entre la France et l’Algérie ont atteint près de 12 milliards d’euros. Parmi ceux-ci, les exportations françaises vers l’Algérie s’élèvent à environ cinq milliards d’euros. Ces chiffres témoignent d’un volume commercial significatif, soutenu par la présence de près de 6 000 entreprises françaises actives sur le marché algérien. Ces données, rapportées par des médias spécialisés, mettent en évidence l’importance de l’Algérie pour les entreprises françaises, qui voient dans ce partenariats un potentiel de croissance difficile à renoncer.
La France, en tant que premier partenaire commercial de l’Algérie, jouit d’un avantage stratégique, que les milieux d’affaires estiment fondamentale à préserver. Les liens économiques ne se limitent pas aux chiffres, ils renforcent également le tissu social entre les deux nations. Malheureusement, le climat actuel nourrit des tensions politiques qui risquent d’impacter négativement l’ensemble des relations interentreprises.
Les entreprises et les investisseurs français, tout en continuant à voir en Algérie un marché prometteur, sont de plus en plus préoccupés par l’instabilité politique qui pourrait entraver leurs activités. L’appel à la détente et à un dialogue constructif est donc d’une actualité brûlante, d’autant plus que la coopération économique constitue une rampe de lancement pour des initiatives bilatérales dans d’autres domaines, tels que la culture, la technologie et l’éducation.
En somme, la quête d’un équilibre dans les relations franco-algériennes requiert une attention particulière de la part des décideurs des deux côtés de la Méditerranée. Les milieux d’affaires espèrent que les enjeux économiques sauront prévaloir sur les considérations politiques, permettant ainsi de renouer avec une dynamique constructive et bénéfique pour toutes les parties impliquées.