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Acquis il y a huit ans par la Ville de Manosque, Le Paraïs, lieu emblématique où l’auteur du Hussard sur le toit a écrit toute son œuvre, est désormais plongé dans un triste état de délabrement depuis sa fermeture en octobre 2023. Sylvie Dubert-Giono s’inquiète de cet abandon total.
Jean Giono (1895-1970), natif de Manosque, est un écrivain dont l’œuvre est profondément enracinée dans cette petite ville des Alpes-de-Haute-Provence. Rares sont les écrivains dont la renommée dépasse les frontières tout en restant ancrée dans leur terre natale. Le Hussard sur le toit a rendu Manosque célèbre à l’échelle internationale.
Cependant, aujourd’hui, sa fille, Sylvie Durbet-Giono, tire la sonnette d’alarme : Le Paraïs, la demeure où son père a vécu et écrit une grande partie de son œuvre, est aujourd’hui à l’abandon. Classée Monument historique, la maison appartient à la Mairie qui l’a fermée en vue d’une rénovation en octobre 2023. Cependant, le processus semble prendre trop de temps, d’où l’appel de Sylvie Giono.
Le Paraïs, connu également sous le nom de Lou Paraïs pour les passionnés, surplombe la ville de Manosque avec élégance. Après avoir passé son enfance et adolescence au numéro 14 de la rue Grande, l’auteur d’Un roi sans divertissement se consacre à l’écriture une fois le succès de son premier roman Colline acquis en 1930. Il quitte son emploi à la banque pour acheter la villa Lou Paraïs où il s’installe et se retire rarement. C’est là qu’il crée la plupart de ses chefs-d’œuvre, nombre d’entre eux étant adaptés au cinéma par Marcel Pagnol (Colline devenu Angèle). Ses textes sont fortement influencés par la région, notamment Baumugnes et Manosque-des-Plateaux, où il évoque le mont d’Or avec une sensibilité particulière : « Ce beau sein rond est une colline ». La maison s’élève sur les flancs de cette montagne chère à son cœur, et son adresse a des allures de titre de roman : montée des Vraies Richesses !
Cependant, l’entretien de ce bâtiment du XVIIIe siècle, classé Monument historique depuis 1996 et devenu un lieu de pèlerinage pour les fans de Giono et les chercheurs (les archives y sont conservées), s’est avéré trop onéreux. C’est pour cette raison que Sylvie Durbet-Giono l’a cédé à la mairie de Manosque il y a près de huit ans. Malheureusement, les dégradations ont atteint un seuil critique, menant à la fermeture au public depuis octobre 2023.
Sylvie Durbet-Giono dépeint une scène désolante : « Les gouttières qui fuient depuis février 2024 imprègnent les murs du fameux bureau où l’auteur a passé de longues heures d’écriture. Les livres de la bibliothèque sont infestés de champignons à cause de l’humidité. Les tapis sont usés. Une statue représentant le dieu Horus est brisée, sans parler des rideaux jamais retirés ni dépoussiérés depuis l’acquisition de la maison. L’électricité n’est plus aux normes, les ampoules grillées ne sont même plus remplacées. Plus de plomberie, de chauffage depuis des années, plus de sanitaires. En somme, un état de ruine avancé, un abandon total », déplore-t-elle. Elle se demande quelles motivations ont poussé la mairie à acquérir un tel lieu pour ensuite le laisser à l’abandon. Même le magnifique jardin orné d’œuvres d’art est envahi par les ronces et les lierres.
D’ordinaire souriante et pleine d’optimisme, Sylvie Durbet-Giono est aujourd’hui amère. Heureusement, elle peut compter sur le soutien de ses amis écrivains, dont Salvatore Lombardo et Paule Constant, avec qui elle travaille sur le Prix Jean-Giono et les Journées des écrivains du Sud-Jean Giono.
« La renommée de mon père n’est pas affectée par cet état de fait », souligne sa fille. « Il a depuis longtemps dépassé les frontières de la ville. C’est la réputation de la ville qui risque d’en souffrir en négligeant un homme qui a mis Manosque sur la carte mondiale grâce aux traductions de son œuvre, souvent plus appréciée à l’étranger qu’ici. »
Le Lesoir a tenté à plusieurs reprises de contacter le service culturel de la mairie par téléphone et par écrit, en vain. Aucune information officielle sur l’avancement des travaux n’a été communiquée. Selon des sources non confirmées, les travaux pourraient commencer avant la fin de l’année, le permis de construire étant prêt, avec pour seule contrainte la classification Monument historique du bâtiment. Cependant, aucune date de réouverture n’a encore été planifiée.
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