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L’Algérie, terre d’opportunités agricoles, commence à récolter les premiers fruits de ses efforts en matière de culture du tournesol. En effet, le ministère de l’Agriculture et du Développement rural projette d’étendre cette culture sur une superficie de 300 000 hectares. L’objectif est clair : réduire les importations de matière première et alimenter les usines locales de trituration pour la production d’huile de table entièrement algérienne.
Au coeur de cette dynamique, un champ de tournesol florissant à Ménéa, dans le sud algérien, illustre parfaitement les progrès réalisés. Brahim, un ingénieur agronome associé à la société PhytoBiochem, se réjouit du succès de l’exploitation de Mahmoud Hedjad, qui a mis en oeuvre une plantation de tournesol à partir d’une variété semée le 20 août. Sur ses 45 hectares irrigués par pivot, la verdure des plantes contraste avec l’aridité ambiante. Les fleurs jaunes vives, avec leur capitule regorgeant de graines, témoignent d’un résultat prometteur.
Cependant, malgré ces débuts encourageants, les agriculteurs devront ajuster leurs pratiques agricoles. Alors que le besoin en eau s’avère moins restrictif grâce à une irrigation continue, l’expérience montre que la culture du tournesol demande des connaissances et des adaptations spécifiques. Dans le sud, des investisseurs, soutenus par des entreprises spécialisées dans l’agrofourniture, commencent à s’implanter, promouvant ainsi une diversification des cultures.
Toutefois, le développement du tournesol au nord du pays reste timide. Les agriculteurs, bien que conscients du potentiel de cette culture dans des sols plus profonds et dans des régions plus arrosées, n’osent pas s’y engager pleinement. En effet, le tournesol nécessite une température minimale de 8°C pour germer, rendant impératifs des semis au printemps, ce qui le rend vulnérable aux aléas climatiques. Un récent lancement de campagne de semis à Guelma n’a rassemblé qu’un nombre restreint de participants, en contraste avec les campagnes de céréales plus largement médiatisées.
À Aïn Defla, toutefois, l’optimisme est de mise. Près de 700 hectares de tournesol ont été semés, avec des rendements de 20 quintaux par hectare l’an passé. Les prix garantis par les autorités, incluant une prime d’État, rendent cette culture attrayante pour les agriculteurs. Selon Mohamed Haroun, membre de la Confédération des industriels et des producteurs algériens (CIPA), le prix actuel du tournesol sur le marché mondial pourrait permettre aux agriculteurs algériens de réaliser des bénéfices intéressants.
Cela dit, le succès de cette filière repose également sur une bonne gestion de l’eau d’irrigation, un point soulevé par les responsables de la ferme pilote Ben Brik Si Ibrahim, qui s’engagent à creuser des puits pour assurer un approvisionnement fiable. Ce programme national de développement des oléagineux ambitionne non seulement d’accroître la production locale, mais aussi de favoriser une rotation des cultures, permettant ainsi de lutter contre les infestations parasitaires et d’améliorer la qualité des sols.
L’essor de l’industrie de trituration en Algérie s’inscrit également dans cette dynamique. Remplaçant le raffinage d’huiles importées, les unités de trituration locales, comme celles de Cevital à Béjaïa, visent à traiter les productions nationales, prenant ainsi un tournant stratégique pour l’auto-suffisance alimentaire. Avec une capacité de trituration important, ces unités contribueront à sécuriser le marché local et à répondre à la demande croissante d’huile de tournesol.
Le soutien institutionnel est primordial dans cette aventure. Le ministre de l’Agriculture a souligné l’importance de la coopération entre les agriculteurs, les investisseurs et les autorités pour la mise en place de ce programme ambitieux. Les initiatives se multiplient pour encourager la culture des oléagineux, notamment par la mise en place de plans triennaux de culture en tenant compte des spécificités climatiques et des exigences de marché.
Au final, alors que des défis subsistent, la culture du tournesol en Algérie témoigne d’un potentiel inexploité. Avec le bon accompagnement et des politiques adaptées, il est à espérer qu’elle puisse jouer un rôle clé dans le développement de l’agriculture nationale, réduisant ainsi la dépendance aux importations tout en valorisant les efforts des agriculteurs algériens. La route est encore longue, mais les premiers signaux sont encourageants pour l’avenir de cette filière.
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