Jacques Gamblin : l’éternel théâtre
Depuis de nombreuses années, l’acteur français Jacques Gamblin a passionnément investi dans les domaines théâtral et cinématographique. Mais très peu de personnes savent qu’il a également un penchant pour l’écriture, qu’il met régulièrement en scène sur les planches. Au cours de nos entretiens, il a parlé à notre journal d’une de ses créations théâtrales les plus intimes, qui évoque la relation tumultueuse d’un fils et de sa mère vieillissante, dans une œuvre intitulée Mère à l’horizon.
Lors de notre première conversation, l’acteur, connu pour ses prestations dans le rôle de Jean Devaivre dans Laissez-Passer de Bertrand Tavernier, a offert un spectacle vivant et coloré, empreint de mouvement et de joie. Quand il commence à parler, ses paroles sont accompagnées de grands gestes, ses bras et ses mains se soulèvant, oscillant au fil de la conversation. Même si cela paraît contrariant, Gamblin reconnaît volontiers ce style, affirmant que c’est le moyen le plus naturel pour lui d’exprimer ses idées et ses sentiments. « Je suis someone qui ne peut pas rester longtemps immobile, j’ai besoin de trouver mes mots avec mon corps,» avoue-t-il, rappelant ses précédents rôles au cinéma.
Cette aptitude naturelle à combiner la parole et le geste est d’ailleurs au cœur de son création théâtrale Mère à l’horizon, dans laquelle il raconte l’épopée d’un fils qui apprend à vieillir aux côtés de sa mère confrontée aux derniers temps de sa vie. Cette œuvre, aux contours bouleversants et émouvants, ne se contente pas de rendre hommage à l’amitié et au devoir entre un enfant et sa mère, mais invite également les spectateurs à réfléchir aux conséquences du vieillissement et au pouvoir de la parole pour célébrer et pour lutter contre ce phénomène.
Gamblin est reconnaissant d’avoir eu la chance de poursuivre ses passions cinématographiques et théâtrales en même temps. Il partage son enthousiasme pour les arts en général et se dévoile comme un acteur enthousiaste de la théâtre et de la créativité qui s’y réfère. Quand on l’interroge sur ce qui fait sa force en tant qu’acteur, il répond qu’il est principalement motivé par la confiance qu’il place dans la créativité de l’instant, se basant sur sa propre capacité à improviser et à innover à chaque nouvelle fois.
C’est en cela qu’il critique ouvertement l’attitude des personnalités politiques qui se livrent à de vaines parade oratoire et gestuelle lors de leurs allocutions. Gamblin n’est pas persuadé que cela soit indispensable, affirmant au contraire que l’immobilité peut souvent être plus éloquent que l’histrionisme. Ainsi, quand il prend lui-même la pose, il apparaît assis sur le rebord d’un Chesterfield, un vrai Sphinx, ses bras et ses jambes agités en rythme avec ses propos, comme pour célébrer la dualité de la créativité qui l’inspire et le guide.